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A l’instar de plusieurs services d’Archives français dont les Archives de Paris, les Archives départementales du Lot ont veillé à collecter les réalisations plastiques produites au collège Gambetta de Cahors en réaction aux attentats de 2015.
En hommage aux victimes, au lendemain de l’attentat au siège du journal Charlie hebdo, les élèves du collège ont commencé à réaliser des dessins. Ces derniers ont été déposés sur le parvis de la mairie lors du rassemblement citoyen qui a eu lieu en fin de journée, le 8 janvier.
L'idée de constituer un « mur d’images » a été initiée de cette façon. La production de dessins ou collages a continué les jours suivants dans le cadre des classes d’arts plastiques de Mmes Chartier et Cand, au gré de l’accablante actualité. Les dessins ont alors pris place sur les grilles du collège où ils sont restés exposés plusieurs semaines.
La plus grande part des contributions plastiques des élèves (malgré la plastification, certaines ont été totalement détériorées par la pluie) a été versée aux Archives départementales en juin 2015, au total 56 dessins (1677 W de 1 à 56). Les courts textes qui accompagnent chaque dessin sont extraits d’un atelier d’expression libre d’un groupe d’élèves de 3e tenu par Mme Roig, professeur des sciences de la vie et de la terre (1677 W 58).
Novembre : nouvelle vague d'attentats
A la suite des attentats du 13 novembre 2015 (dont celui au Bataclan), cette fois l’hommage aux victimes a pris un caractère collectif. Toujours dans le cadre de l’enseignement d’arts plastiques, les élèves ont élaboré quatre grandes fresques peintes sur tissu. Elles ont été accrochées aux mêmes grilles du collège et sont ainsi restées visibles par tous les passants durant un certain temps.
Les fresques en question – de 3 m de long sur 1 m 70 de large – ont été prises en charge par les Archives départementales en février 2016 (1721 W).
Ce qui aurait pu n’être qu’éphémère est à présent conservé. Les œuvres des élèves ont ainsi acquis un statut d’archives.
Il nous a paru opportun de réunir textes et images produits par les élèves pour concevoir et présenter cette exposition virtuelle.
Pour pouvoir lire les légendes des illustrations, appuyez sur la flèche à gauche de l'écran !
Les p’tits Charlie’s du collège Gambetta
8 – 15 janvier 2015
« Dès l’annonce des attentats de Charlie Hebdo, je n’envisageais pas de pouvoir faire cours normalement le lendemain. J’ai donc décidé de construire un support - diaporama de dessins et d’images sélectionnées des dessinateurs disparus - afin de les offrir, comme mon hommage à mes élèves.
Ne voulant rien leur imposer et ne sachant pas quelles seraient leurs réactions, leurs questionnements, leurs émotions, j’ai attendu le lendemain : lorsque je suis arrivée dans ma classe, mes élèves m’ont spontanément parlé de ces événements tragiques de la veille, et questionné. Je leur ai donc proposé cette projection. Ils ont voulus voir, savoir, comprendre et participer à cet hommage à l’unanimité.
La première étape a été de visionner en silence le diaporama : ce furent nos 9 mn de silence à nous, pour nous, pour tous. Les images défilaient dans un silence un peu pesant ponctué toutefois de rires spontanés à la vue de certaines caricatures.
Dans un second temps, spontanément, les prises de parole, les questionnements, les échanges nous ont permis d’interroger ces images, leur nature, leur statut. Nous avons pu noter les différents degrés de lecture d’une image de presse, d’une image satirique, d’une caricature et les élèves ont bien compris leur polysémie dans nos échanges, les uns et les autres ne percevant pas toujours le même sens ou les mêmes messages dans l’œuvre.
Chacun justifiait son ressenti et sa perception des images avec son savoir, sa personnalité, ses croyances, sa sensibilité.
Pour moi, réaffirmer et redéfinir la nature, le statut et les enjeux de ces images me semblait essentiel et de bien rire aussi et à nouveau ensemble malgré l’émotion.
Puis certains ont proposé de rendre hommage aux dessinateurs disparus tout naturellement par le dessin, leur médium privilégié. Construire une image en réinvestissant les dénotations et connotations précédemment relevées dans les débats, échanges, lectures et définitions a suscité une émulation extraordinaire et spontanée bien que, construire une image, cela ne va pas toujours de soi.
Notre mur d’images a démarré comme ça.
Les classes se sont enchainées toute la journée. Les dessins ont été affichés à mesure en classe. A la fin de la première journée, les premiers dessins ont été apportés et déposés par un cortège d’élèves devant la mairie lors du rassemblement citoyen en fin de journée.
Le lendemain, les surlendemains, chaque nouvelle classe a réamorcé le dialogue, fait progressé les échanges, les débats à partir de ce qui avait été fait et affiché à mesure dans la classe et de nouveaux événements venus tragiquement s’ajouter aux premiers. Ceux-ci sont venus élargir le champ des interrogations : de la liberté d’expression à la laïcité, de la tolérance au respect et aux valeurs fondamentales de notre République, le mur a progressé en suivant l’accablante actualité.
Certains se sont souvenus et emparés d’œuvres d’art étudiées dans l’année, au musée ou en classe, de textes littéraires et citations de grands défenseurs, résistants, acteurs, ouvriers de la liberté, qu’ils ont voulus cités ou greffer dans leurs production plastiques, voire parodier.
A l’issue de la semaine, cet hommage en dessin s’est largement étendu sur les grilles du collège et a permis aussi de nombreux échanges spontanés voire inattendus avec la population, passants de tout âge, attentifs et touchés, admiratifs aussi devant la qualité de certaines œuvres et l’investissement des élèves » Mme Chartier, enseignante d’arts plastiques du collège Gambetta (1677 W 57).