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Découvrir : Offre culturelle

La Guêpe du Quercy

La Guêpe du Quercy n° 1, 6 juin 1886. Archives départementales du Lot : 1 PER 22/1

Journal politique, satirique et littéraire. Episode 1

Juin 1886 : la création à Figeac d’un journal à la « verve satirique »

Le programme du canard cf. le n° 1 du dimanche 6 juin 1886

« Le programme de la Guêpe du Quercy, nous pouvons le résumer en peu de mots : notre politique sera presque toujours départementale - notre feuille étant d’un trop petit format et notre ambition des plus modestes.
Elle consistera à combattre avec énergie tous ces faux républicains qui, sous un masque trompeur, exploitent la crédulité des honnêtes gens de tous les partis, pour arriver à satisfaire leur ambition effrénée, leurs rancunes personnelles, assouvir leur passion de dominer, et surtout, servir ce qu’ils ont de plus précieux : leurs intérêts.
Nous détestons également les hypocrites et les hommes haineux et vindicatifs. Les injustices qu’ils commettent tous les jours contre certaines classes de la société, notamment contre les fonctionnaires de tout ordre et de tout rang, nous les dénoncerons sans pitié à l’opinion publique depuis trop longtemps indignée. Il nous plaira, malgré notre dégoût profond, de fouiller dans cette fange où les gouvernants et autocrates de nos jours plongent notre pays, qu’ils tiennent sous un joug trop despotique.
Nous accueillerons également toutes les réclamations qui nous seront adressées contre les tyrans des villes et les tyranneaux de villages, quels qu’ils soient, petits ou grands. Nous les combattrons de toutes nos forces, avec toute la verve satirique que nous pourrons avoir, en nous appuyant toujours sur la justice et la vérité. Nous aurons pour nous tous les honnêtes gens, dont le concours ne nous fera pas défaut dans la tâche que nous continuons, laquelle, s’il plaît à Dieu – et certes, cela ne saurait lui déplaire – sera menée à bonne fin ».

Les piqûres de la Guêpe

C’est la campagne électorale des élections des conseillers départementaux et des conseillers d’arrondissement de l’été 1886 qui donne naissance au journal. Les piqûres de la Guêpe sont massivement dirigées contre les deux sénateurs du Lot, Eloi Béral et Charles de Verninac – les « deux despotes du Lot » –, et contre Jules Rozières, ancien député, et Louis Vival, le maire de Figeac « qui voudrait bien devenir » député…

  • Eloi Béral (1838, Cahors – 1908, Paris) : polytechnicien, inspecteur général des Mines. Préfet du Lot : novembre 1870 – mars 1871.
    Conseiller d'Etat ; élu sénateur du Lot en 1883 (en remplacement de Léopold Delord), réélu en 1888 jusqu'en 1897, réélu en 1906 ; élu conseiller général du canton de Montcuq en 1883, réélu en 1889 ; élu conseiller général du canton de Cazals en 1904. Le dossier de M. Béral, préfet, est conservé aux Archives départementales sous la cote 2 M 15.
  • Charles de Verninac (1841, Rochechouart – 1901, Baladou) : Docteur en droit.
    Conseiller général (canton de Vayrac) en 1871 (réélu en 1874, 1886, 1892 et 1898) ; sénateur du Lot de 1883 à 1901 ; président du Conseil général de 1891 à 1901 ; vice-président du Sénat à partir de 1898. Commandeur du Mérite agricole et chevalier de l'ordre de Léopold de Belgique.
  • Jules Rozières (1843, Viviez – 1903, Bagnac-sur-Célé). Propriétaire, maire de Bagnac-sur-Célé. Elu conseiller d'arrondissement en novembre 1877 (canton de Figeac-est) ; élu conseiller général (canton de Figeac-est) en 1878 (réélu en 1880 et 1886) ; député de 1883 à 1885.  A son propos, on peut consulter la liasse conservée aux Archives départementales du Lot sous la cote : 3 M 121.
  • Louis Vival (1847, Figeac - 1906, Paris).
    Propriétaire terrien, avoué près du tribunal de première instance de Figeac, élu conseiller d'arrondissement (Figeac) en 1878, réélu en 1883. Maire de Figeac à partir de 1883. Elu conseiller général du canton de Figeac-ouest en 1886. Député de 1889 à 1906.
Cf. Le Dictionnaire des parlementaires français consultable sur Gallica (Bibliothèque nationale de France)

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k75998n.image

Il est aussi possible de consulter le site de l’Assemblée nationale pour avoir des informations sur les mandats à cette assemblée (Chambre des députés).

https://www2.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche/(num_dept)/8162

 

La politique de nos jours est loin de valoir l’ancienne

Les divisions dans le Lot. Leur origine selon La Guêpe du Quercy n° 1 Dimanche 6 juin 1886

« La politique de nos jours est loin de valoir l’ancienne ; elle est plus rancunière et beaucoup trop haineuse. C’est elle qui a créé toutes les divisions qui existent à présent dans le département du Lot, dans presque toutes les communes, petites ou grandes, jusque dans les plus petits hameaux. A qui la faute ? La faute est à ceux qui nous gouvernent d’une façon si despotique, à nos deux sénateurs, Béral et de Verninac, à M. Rozières, qui n’est plus député, et à M. Vival, maire de Figeac, qui voudrait bien le devenir ; mais il passera de l’eau sous le pont du Griffoul, à Figeac, avant cette heureuse calamité.
De quelle époque datent ces divisions regrettables à bien des points de vue ? Elles datent de 1883 principalement, où elles ont commencé dans l’arrondissement de Figeac d’abord, puis elles se sont propagées dans le Lot aux élections générales de 1885. […]
Dans le courant de janvier 1883, le siège de député devint vacant dans l’arrondissement de Figeac par suite de la démission de M. Teilhard. Trois candidats se présentèrent : M. Rozières, conseiller général de Bagnac, M. Robert Calmon, sénateur inamovible dont la famille est si sympathique dans le Lot par les nombreux services qu’elle a rendus, et enfin par M. Soulhac, l’honorable maire de Saint-Céré, ancien sous-préfet de Figeac. […]
Il y eut ballotage et M. Soulhac, l’homme qu’on avait poussé en avant pour faire le jeu de M. Rozières, se retira de la lutte tout simplement, par une lettre assez amphigourique que les "roziéristes" interprétèrent en leur faveur. Au premier tour, Vival et Verninac avaient mis tout en œuvre, inventé mille calomnies odieuses et ridicules sur le compte de M. Calmon et sa famille. […] Au second tour, la lutte fut aussi vive et ardente de la part des "roziéristes" qu’elle devint calme et digne du côté des "calmonistes", écœurés d’une guerre aussi déloyale. Le succès n’apaisa pas la jactance et la fureur des partisans de M. Rozières.


Les « saturnales » figeacoises de la nuit du 1er au 2 avril

La nuit où le résultat fut connu à Figeac, une bande d’au moins 500 personnes, composée du ramassis le plus vil de la rue, conduite par des conseillers municipaux, des fonctionnaires, un avocat sans cause – aujourd’hui bien loin – parcourut les rues de la ville, musique en tête, frappant aux portes des "calmonistes" bien connus, hurlant et vociférant, les injuriant et les menaçant… Ces scènes de sauvagerie eurent lieu dans la nuit du 1er avril au 2 avril, vers une heure du matin, et recommencèrent dans la journée.
La police ne bougea pas (peut-être était-elle mêlée à la bande) ; on aurait dit que le maire encourageait ces saturnales. Dans tous les cas, il lui était facile de les empêcher […] Et M. Rozières, l’élu et l’ami de cette bande, que faisait-il pendant ce temps-là ? Il était dans les auberges où l’on versait à boire gratis à tout venant […] M. Rozières doit savoir maintenant combien cela lui a coûté.
La justice elle-même fut impuissante à poursuivre les émeutiers reconnus, contre lesquels plusieurs plaintes furent portées. Au moment où l’instruction allait commencer, le procureur et le substitut furent brusquement changés, grâce aux actives démarches auprès du ministre de la Justice, démarches faites par ceux qui avaient intérêt à étouffer cette sale affaire, par les fameux républicains Béral, Verninac et Rozières. L’affaire fut donc enterrée, et par suite, l’insolence des partisans de Rozières et Vival s’accrut davantage et gagna les campagnes, où des scènes de désordre semblables eurent lieu en présence des autorités.
On peut donc dire, dès à présent, que les divisions dans le Lot datent de l’époque où MM. Béral, Verninac, Rozières et Vival ont fait leur apparition sur la scène politique chez nous.
Nous avons eu raison de M. Rozières ; eh bien ! les autres tomberont aussi à leur tour. Nous y emploierons toutes nos forces, toute notre plus ferme et indépendante volonté. Notre devise est celle-ci : « Guerre aux despotes du Lot, quels qu’ils soient ». Jacques Mizay, rédacteur en chef de La Guêpe ».

 

Un journal tout aussi satirique qu’éphémère : juin – août 1886

« On fait courir le bruit que la Guêpe du Quercy est un journal seulement créé pour les élections au Conseil général et qu’il disparaitra après » cf. n° 4 du 27 juin 1886. « Nous connaissons les personnes intéressées à faire courir ces mensonges et nous pouvons affirmer que notre journal, par ses nombreux abonnés et les sympathies qu’il a trouvées, non seulement dans le Lot, mais dans les départements voisins, est assuré d’un long avenir ». 

Pourtant, une fois les élections passées et MM. de Verninac, Rozières et Vival élus on peut lire dans le n° 12 du 22 août que « La Guêpe du Quercy suspend sa publication à partir d’aujourd’hui pour la reprendre après le 16 octobre. Le temps qui s’écoulera pendant cette époque ne comptera pas, bien entendu, pour la durée de l’abonnement, qui ne continuera son cours qu’à l’époque que nous venons d’indiquer, à moins toutefois que nos abonnés ne veuillent que nous leur envoyions tout autre journal à 5 centimes du département du Lot ; dans cet intervalle, nous attendons leurs réclamations à ce sujet ».
Douze numéros parurent donc, entre le 6 juin et le 22 août 1886. La parution semble en être restée là…
A noter : notre collection (1 PER 22/1) est incomplète, les numéros 5 à 8 sont manquants.


 





La Guêpe du Quercy, 6 juin 1886 page 2 La Guêpe du Quercy, 1er août 1886 La Guêpe du Quercy, 8 août 1886

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