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Découvrir : Offre culturelle

Habillement et parures au milieu du XVIIIe siècle

Archives départementales du Lot : 5 J 43

Les emplettes parisiennes du comte et de la comtesse de Durfort, été 1747

Les documents ici présentés sont extraits de la collection Aimé Grandsault-Lacoste et Ferdinand de Laroussilhe (5 J) et plus précisément des archives de la famille noble de Durfort-Boissières, barons de Salviac et comtes de Boissières (5 J 43).

Dans ces papiers, le hasard a bien voulu nous faire connaitre les « mémoires » (factures) des achats du couple de Durfort entre le 10 août et 9 septembre 1747, principalement consacrés à leur habillement, ainsi qu’à celui de leur domesticité.

Entrons dans le monde de la parure à la mode au milieu du XVIIIe siècle, découvrons au passage les différentes pièces de vêtements en usage dans l’aristocratie et ses « gens », ainsi que les étoffes utilisées.

Justaucorps, vestes et culottes, point d’Espagne et « bouttons » d’or

Mémoire pour madame la comtesse de Durefort

[établi par le sieur Jarry]
pour la graffe du bracelet or et sertisssure du portrait, enfillage des perle et mis en œuvre les diament - 44 livres
Pour les perles fourny - 120 livres
Plus pour cinq diament fourny Pese six grains - 200 livres
Soit 364 livres
Pour lautre braceles y souder une sertissurre, enfillage et fournir des grenast - 36 livres
Plus la gravure de la toilette [ou parure] - 6 livres
Receu la somme de quatre cent six livres de monsieur le comte de Durefort à Paris ce 10 aoust 1747, Signé Jarry

Mémoire des fournitures et façon d’habits pour monsieur le comte de Durfort

fait par Veinere, maitre tailleur à Paris du 10 aoust 1747
Fait un justaucorps veste et culotte de droguet de soye fourny 13 onces ¾ de droguet de soye noire a 12 livres : 165 livres
14 onces de croisé pour doublé à 5 livres : 70 livres
Les boutons pour l’habit : 3 livres
Les petits pour les veste et culotte : 2 livres
Les garnitures pour les plis : 5 livres 10 sols
La doublure et les poches pour la culotte : 4 livres 10 sols
Les jarretières et la tresse : 2 livres sols
Pour façon : 20 livres
Fait un justaucorps et deux culotte de drap écarlatte avec une veste de moire blanche, l’habit et la veste garnie d’un point d’Espagne d’or, fourny 4 aunes de drap écarlatte de Juliene a 34 livres : 136 livres
3 aunes ¾ de moire pour la veste à 12 livres : 45 livres
14 aunes de serge de soye tres forte pour doublé a 5 livres 5 sols : 73 livres 10 sols
L’entre deux pour la veste : 5 livre 10 sols
Les garnitures pour les plis : 5 livres 10 sols
La doublure de futeine et les poches de la culotte : 5 livres
Les jarretières et la tresse pour la ceinture : 2 livres 5 sols
Pour façon - 22 livres
Payé au brodeur pour attacher le point d’Espagne sur l’habit et veste : 32 livres
Total 599 livres
Suite et montant de l’autre part
Fait la seconde culotte de drap écarlatte avec une culotte de velour cramoisi, fourny 2 aunes de velours fin à 28 livres : 56 livres
La doublure et les poches pour les culottes a 5 livres : 10 livres
Les jaretières et les tresses a 45 sols : 4 livres 10 sols
Les boutons pour les culottes a 12 sols : 1 livres 4 sols
Pour façon à 3 livres : 6 livres
Pour les gens [domestiques]
Fourny 18 aunes de baracans pour les habits a 5 livres : 90 livres
5 aunes de drap rouge pour les vestes et culottes a 20 livres : 100 livres
16 aunes et demi de serge grise pour doublé les habits a 40 livres : 33 livres
7 aunes et demi de serge blanche pour doublé les vestes a 40 sols : 15 livres
Payé à M. Bourrier marchand de galon d’or pour le montant du mémoire quittancé le 11 aoust 1747 cy joint : 977 livres
Plus payé audit sieur pour le montant d’un autre mémoire suivant le receu cy joint : 332 livres 16 sols
Surquoy receu acompte en 75 louis d’or, partan il me reste dû 423 livres 15 sols 6 deniers
Pour le montant d’un memoire pour madame de 40 livres 10 sols [cy joint]
Payé au tailleur qui a habillé les gens suivant l’ordre de monsieur 104 livres 14 sols [cy joint]
Total de ce qu’il reste dû : 568 livres 19 sols 6 deniers.

Achats à maitre Bourrier, marchand de galon d’or

Achats payés le 11 août
La garniture d’un habit et veste de point d’Espagne d’or, de Paris surdoré à fond de raiseau et
cliquant pèzent 58 onces à 16 livres : 928 livres
5 onces de fil d’or de Paris – 11 livres 10 sols
4 demi onces de gros bouttons d’or, trois à clinquant à 6 livres : 27 livres
3 demi once de petits a 3 livres : 10 livres 10 sols
Reçu comptant à Paris ce 11 aoust 1747 : 977 livres
Autres achats à maître Bourrier payés le lendemain 12 août
Un bord de chapeau de point d’Espagne d’or de Paris surdoré à clinquant et la gance
pèze 4 ou 4 [sic] gr à 15 livres : 67 livres 10 sols
Un boutton d’or trois à 10 livres
3 bords de chapeau de galon d’argent tissu fin 7 [sic] ou 4 gr à 6 livres
3 bouttons d’argent trois à 8 livres
15 au ¾ de large galon d’argent glacé fin 31 ou 6 gr à 6 livres
2 ? de cordonnet d’argent à 6 livres 10 sols
7 demi once de petits bouttons d’argent trois arestés à 40 sols
Total : 332 livres 16 sols
Reçu comptant le contenu cy-dessus par les mains de monsieur Veinere,  à Paris ce 12 aoust 1747.

Memoire pour les domestiques de monsieur le comte Durfort

fait par Masse ce 18 aoust 1747,
avoir fait 3 habit et 3 culotte de baraquant et 3 veste galloné pour la façon, 18 livres chaque fait : 54 livres
pour les pagnés des 3 habit à 3 livres chaque fait : 10 livres 10 sols
fourny demi douzaine de gros boutont façonné à 12 livres la douzaine fait : 7 livres 4 sols
fourny 3 doublures de paux et poche pour 3 culotte 3 livres 10 sols chaque fait : 10 livres 10 sols
fourny 3 paires de jartière 15 chaque fait : 2 livres 05 sols
plus fait 3 culotte de drap écarlatte pour la façon 2 livres 10 sols chaque : 7 livres 10 sols
pour les 3 doublures de paux et poche des 3 culotte : 10 livres 10 sols
pour les 3 paires de jartières : 2 livres 5 sols
Total : 104 livres 14 sols
A noter, ce même 18 août, ont été acheté pour 332 livres 12 sols des « vazes » et bougeoirs en cristal, des saladiers et « compottiers » de cristal et de porcelaine, des « sceaux en fayance », des « morceaux de glace découpés »,  des « pieds de guirlandes en fleurs », un assortiment de branches de fleurs de soye et chinoises, une plante fleurie…

Mémoire d’un habit pour madame la comtesse de Durfort

fait par Veinere, maitre tailleur à Paris, du 9 septembre 1747
Recoupé et refait un justaucorps de Camelot en amazonne avec des agrémens de point d’Espagne d’or avec une veste et parement d’etoffe d’or pour madame
Fourny 4 gros de fil d’or pour les bouttons : 5 livres 10 sols
Une aune de croisé pour la doublure : 5 livres
Pour façon : 30 livres
Total : 40 livres 10 sols.

Un peu de vocabulaire

  • Bouracam ou Baracan, aussi écrit « baraquant » : « On donnait au siècle dernier (XVIIIe) indistinctement, l’une ou l’autre de ces dénominations à un tissu lisse, de laine rase, espèce de camelot, mais d’un grain beaucoup plus fort que celui des camelots ordinaires. On s’en servait autrefois pour faire des manteaux, des surtouts, et autres vêtements destinés à garantir de l’humidité » cf. le Dictionnaire général des tissus anciens et modernes de Jean Bezon, imprimé à Lyon, Imprimerie et lithographie de Th. Lépagnez, 2e édition de 1862 (pages 322-23 du volume VII).
  • Camelot : « Primitivement, le camelot était une étoffe raide et serrée, faite d’abord de poil de chameau, ensuite de poil de chèvre. Sa fabrication en Asie date d’une haute antiquité. Elle fut introduite en Europe à la suite des Croisades et eut pendant plusieurs siècles une grande importance. En France et en Italie, on mélange la soie au poil de chèvre ; plus tard la soie forma seule toute la tissure ; enfin on arriva par des altérations graduelles et insensibles, à remplacer le poil de chèvre par la laine de Hollande, la soie par la bourre de soie, la laine de Hollande par la laine d’Angleterre et de France ; on mêla l’or à la soie, le fil de chanvre au poil de chèvre, le poil de chèvre à la laine » cf. le Dictionnaire général des tissus anciens et modernes de Jean Bezon, imprimé à Lyon, Imprimerie et lithographie de Th. Lépagnez, 2e édition de 1862 (pages 325-26 du volume VII).
  • Clinquant, aussi écrit « cliquant » : ornement brillant fait de lamelles d’or ou d’argent ou de lamelles de métal doré ou argenté, employé pour orner des dentelles, des tissus ou des broderies.
  • Futaine, écrit « futeine » : étoffe croisée et pelucheuse de fil et de coton qui servait à faire des jupons, des doublures, des camisoles.
  • Jarretières, aussi écrit « jartières » : pièce de vêtement masculin ou féminin consistant en un lien (ruban, bande élastique) placé au-dessus ou au-dessous du genou et servant à maintenir et tendre les bas.
  • Justaucorps : vêtement masculin serré à la taille, muni de manches, de forme longue un peu évasée du bas. D'abord utilisé dans le costume militaire, vers 1670 le vêtement passe dans le costume civil où il reste en usage jusqu'au milieu du XVIIIe siècle. Sa coupe et ses ornements s'étant alors simplifiés, on l’appelle tout simplement « l'habit » ; vêtement féminin du même genre.
  • Point d’Espagne : point de broderie.
  • Réseau, écrit « raiseau » : tissu à mailles très léger.

Rappelons que les culottes (ou hault de chausses) désignent la pièce de vêtement masculin couvrant le corps de la ceinture jusqu’aux genoux. Au XIXe siècle, les culottes longues (pantalon) côtoieront les culottes courtes portées par les jeunes garçons. Par ailleurs, « attraper ou prendre une culotte » signifie subir une perte importante au jeu ou dans les affaires et « se donner une culotte » exprime le fait de s’enivrer, d’être ivre.

 







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