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Accueil > Découvrir : Offre culturelle > Nuits de la lecture > "La saison est toujours belle quand on voyage avec ceux que l'on aime..."

Découvrir : Offre culturelle

Extraits de textes choisis issus de l'oeuvre de la romancière Isabelle de Montolieu, [XIXe siècle]

Archives départementales du Lot, J 2043 (feuille à la verticale)

 

 

 

 

 

 

Lettre anonyme envoyée depuis Montauban, relative aux troubles électoraux de Cahors au recto,
comportant des commentaires poétiques sur l'amour au verso (2 floréal an V-1850] 

Transcription de la lettre :

« L’amour est doublement aveugle chez les femmes du certain âge.
Les femmes seront toujours dupes de la tendresse que les hommes servent pour bien mieux qu’elles, car ceux qui en toute autre chose n’ont pas le sens commun, sont autant de machiavels en fait d’amour.

Irais-je plonger dans son cœur le poignard qui déchire le mien ? Le ferais-je revenir pour le voir expirer de douleur sur le tombeau de celle qu’il adore. Je ne sais quel rayon d’espoir s’insinua dans son cœur ; il écouta ce qu’il lui dictoit, prit la plume écrivit à son ami ce peu de mots.
Partis à l’instant mon cher ami, et faites la plus grande diligence pour vous rendre ici, ou votre présence est absolument nécessaire ; je vous devrai plus que la vie si vous ne perdez pas une minute et si votre promptitude a le succès que j’ose espérer.
Je me jette dans vos bras, je vous appelle à mon secours, venez protéger un amour que vous avez fait naître et qui finira plus qu’avec ma vie.
Aime-le ma chère sœur, aime-le comme moy même : oh ! comme j’ai bien obéi ! oui je l’aime, non seulement comme l’ami de mon frère, mais comme le seul homme à qui je veuille appartenir et sans qui la vie m’est insupportable.

Si j’étois assez malheureux pour que cette lettre fut reçue avec un sentiment de crainte ou d’effroy, je conjure celle à qui elle est adressée de se rassurer, de la lire avec bonté, d’être convaincue que celui qui liroit, perdroit plutôt la vie que de lui causer un seul instant de la peine ; oui, madame vous à que je n’ose donner un nom plus tendre ; oui je suis votre ami, je veux l’etre, et c’est à ce titre que je vais m’entretenir avec vous de l’objet qui m’intéresse le plus au monde, du bonheur de mon amie, il n’est rien que je ne suis prêt à faire pour l’assurer ; daignez me prescrire des ordres, des sacrifices ; tout me deviendra facile, si je puis parvenir à vous rendre heureuse.

La saison est toujours belle quand on voyage avec ce que l’on aime et qu’on va chercher une amie, la naïve et tendre… étoit loin de savoir dissimuler ; elle exprimoit tout ce que son cœur sentoit, et quand elle auroit voulu se taire, on l’auroit lu dans ses yeux et dans son sourire, on voit d’abord que cette bouche charmante ne pouvoit proférer une fausseté, et qu’elle était l’organe de l’âme la plus pure et la plus vraie, quand vous dites je vous aime, ce seul mot vaut tous les serments.

On dit que l’amour ne dure qu’un jour dans le mariage, c’est des contes que cela, si l’on aime l’on aimera toujours d’avantage
Est-ce que le bonheur refroidit le cœur,
non pas au village depuis que je suis heureux, le mien brûle comme le feu toujours d’avantage.
Plus content qu’un roy, quand autour de moy, je vois mon petit ménage
Ma Louise et nos enfants,
Mon amour va s’augmentant, toujours davantage,
C’est à monseigneur que notre cœur nous devons l’hommage,
Je ne forme plus de vœux, comme nous il est heureux, que me faut-il davantage. »

Pièce isolée entrée par voie extraordinaire, J 2043.


Archives départementales du Lot, J 2043 (feuille à l'horizontale)

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